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Le peuplement en libre évolution couvre 4,3 ha dans la réserve. Il forme une ceinture à largeur variable principalement sur sols alluviaux, marécageux ou limoneux à mauvais drainage autour, voire en partie, recouvrant des plans d’eau et des cours d’eau.

Il est largement dominé par les saules avec en tête le saule blanc qui fournit près de 50 arbres d’intérêt biologique dont quelques individus de plus de 3 m de circonférence (maximum 5 m) et une dizaine d’arbres morts, puis le saule marsault qui fournit une dizaine d’arbres d’intérêt biologique ou morts dont plusieurs de plus de 2 m de circonférence et enfin les saules cendrés, à oreillettes et des vanniers qui produisent ensemble aussi une dizaine d’arbres d’intérêt biologique.

Des peupliers d’Italie, et hybrides du Canada et des trembles (dont un individu remarquable à 2 troncs de plus de 2 m de tour chacun) enrichissent la famille des salicacées d’une dizaine d’arbres d’intérêt biologique. Une dizaine d’aulnes sont susceptibles aussi d’être classés comme arbres d’intérêt biologique. Les autres essences arborées (chêne pédonculé, merisier, érable sycomore, bouleau verruqueux) fournissent ensemble une dizaine d’arbres d’intérêt biologique mais aucun de grande dimension.

Enfin, des espèces arbustives (aubépine, prunellier et surtout sureau noir) présentent de nombreux individus morts ou dépérissants avec parfois des tours importants pour des arbustes. La concentration en arbres d’intérêt biologique et morts est donc exceptionnelle.

Outre l’aspect biodiversité, ce peuplement offre des paysages variés très dépaysants évoquant une mangrove ou une forêt primaire. Les saules issus de recépage ou d’anciens têtards produisent des écartements en étoiles de leurs branches maîtresses avec un saule remarquable à 10 branches maitresses entre 1 m et 3 m de tour partant du sol sur une souche de 3 m de diamètre et produisant une canopée de 45 m de diamètre (soit l’équivalent de la surface d’une piscine olympique et couvrant à lui seul 5% du peuplement). Les troncs couchés de saules forment régulièrement de nouveaux arbres poussant en lignes.

L’histoire de ce peuplement est récente. Elle est liée à l’implantation d’un bassin de décantation de la Sucrerie de Gembloux, propriété des Raffineries tirlemontoises, dans le domaine de l’Escaille, début des années 60 et l’abandon de ce site par la Sucrerie en 1975. Jusque là, les seuls éléments boisés étaient quelques saules têtards le long du Rabauby et de l’Orneau et des arbres plantés le long de la N4 (des saules) et de son chemin d’accès côté Sud du domaine (des peupliers). Ces arbres constituent les arbres les plus âgés visibles encore actuellement.

L’abandon du site a permis la recolonisation ligneuse spontanée. L’acquisition par les RNOB (devenues Natagora) du site en 1987 puis l’établissement d’un plan de gestion de la partie agréée en 1991 ont conforté déjà la préservation substantielle de surfaces en réserves intégrales à côté de zones défrichées. Mais très rapidement, la vitesse de recolonisation forestière et surtout la découverte de l’intérêt biologique des vieux arbres peu connu sur le site au moment de l’acquisition en raison de la primauté qui avait été donnée aux plans d’eau, ont non seulement conduit à renoncer à entretenir toutes les zones défrichées, mais aussi à enrichir en essences les bords de chemins et les anciennes terres de culture pour amplifier et diversifier la recolonisation forestière.

On observe dans ce peuplement le développement d’une fonge lignicole exceptionnelle (une quarantaine d’espèces identifiées) avec les ganodermes et le faux-amadouvier qui font les dégâts les plus spectaculaires. L’entomofaune xylophage est également très diversifiée avec au moins 2 espèces intégralement protégées, l’aromie musqué pour qui la réserve est une station majeure en Wallonie et le prione tanneur. Il s’agit aussi d’une station majeure pour notre plus grand lépidoptère, le gâte-bois qui nécessite de très gros bois dépérissant de salicacées. Enfin, il explique aussi le succès d’observations des pics (épeiche surtout, épeichette, vert, noir) et du hibou moyen-duc.

Le maintien à long terme des peuplements nécessite un plan de gestion. La principale difficulté est de stopper la progression latérale incessante du peuplement vers les milieux ouverts avec qui il interagit positivement (plans d’eau, pelouses maigres, mégaphorbiaies) ce qui nécessite malgré tout des interventions dirigées en lisières de ces milieux. Cette difficulté est néanmoins depuis 20 ans une opportunité pour les étudiants de l’institut horticole de Grand-Manil (section environnement) qui réalisent la majorité cette lutte en apprenant les actes d’abattage, recépage, élagage, treuillage, mises en andains….

L’autre difficulté pourrait être d’ordre de responsabilité civile en cas de chute d’arbres ou grosses branches sur les visiteurs largement autorisés sur des chemins balisés. Mais malgré plus de 10 000 visiteurs chaque année dans le site, aucun accident de ce type n’a été déploré.

L’acquisition du site de l’Escaille a été le déclencheur d'un dynamique forestière autour de site. Dès 1994, en acquérant la gestion de l’assiette de l’ancienne voir ferrée longeant la réserve, qui est devenue entretemps un RAVeL, on a visé l’objectif d’étendre depuis la réserve un développement libre de ce corridor spontanément boisé. Cette politique qui s’est aussi étendue par la suite à la vallée de l’Orneau a ajouté 3,2 ha de peuplements à libre évolution aux 4,3 ha, soit un total de 7,5 ha constituant plus de 50% de la surface de la réserve élargie. Dans cette extension, d’autres essences produisent aussi des arbres d’intérêt biologique (robinier, ormes, pruniers).

Ce qui est remarquable est que cette action exceptionnelle dans des espaces semi-urbains au coeur de la Hesbaye namuroise est situé sur la liaison écologique forestière d’importance régionale (dite de la vallée de l’Orneau) qui se greffe sur le site Natura 2000 du même nom et que dans cet axe rien que sur Gembloux, Natagora y gère aussi 3 autres réserves avec ce même souci de conserver des arbres morts et d’intérêt biologique (en aval, les argilières de Grand-Manil et en amont, le Pré al Peste au coeur du village de Sauvenière et les sources de la Jette à Grand-Leez).

 

 

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