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A cet endroit, à l’ouest de Sombreffe, se trouvaient à l’origine trois viviers, alimentés par deux affluents de la Sombre (le ruisseau des Trois Viviers, et un autre, non-nommé). Ces trois viviers étaient séparés par une digue et longés par le chemin reliant Gentinnes à Ligny, actuellement chemin 44 bis, qui vient d’être retracé et réempierré sur une largeur de 3 mètres grâce à l’action de l’association des « Sentiers sombreffois ». Ce même chemin enjambait le ruisseau des Trois Viviers par un pont fait de quelques gros arbres, qui fut réparé vers 1795 avec des frênes gisant sur la digue de l’étang.

Ces plans d’eau nourrissaient la population en poissons vivant dans des mares (épinoches, carpes) ; à la différence des poissons de rivière (truites, saumons) qu’on trouvait dans l’Orneau.

La commune de Sombreffe est toujours propriétaire des parcelles d’une superficie de plus de 4 hectares où se trouvaient ces viviers.

En 2010, Natagora s’était déjà proposé pour créer ici une réserve afin de retrouver le paysage «historique» qui fut détruit au fil des ans, notamment à la suite du remembrement agricole.

Malgré un premier investissement, le projet fut abandonné sous la pression des chasseurs.

En 2020, la commune a recontacté Natagora qui, cette fois, a négocié la signature d’un bail emphytéotique de 30 ans, renouvelable, pour garantir la pérennité de ses futurs travaux. Cet endroit, bien que non (encore ?) agréé par la Région en qualité de réserve naturelle - ce qui lui conférerait un statut de protection et un subside de fonctionnement, bien minime (250 €/an) - est géré comme tel.

Malgré un avis favorable d’une direction de la Région wallonne (DEMNA), il n’a toutefois pas été reconnu comme espace Natura 2000 (label pour la protection de certaines espèces menacées au plan européen). Il ne pourra donc pas être subsidié à ce titre.

La réserve est bordée au sud par le chemin 44 bis dont question ci-dessus, qui fut réhabilité après sa disparition durant plus d’un siècle sous l’effet des travaux agricoles.

De ce chemin, part sur la gauche un sentier qui mène à l’observatoire. Ce sentier est bordé d’une haie d’arbres déjà assez hauts qui ont été plantés par Natagora à la Sainte Catherine, et dont on espère que la plupart pourront reprendre.

Cet observatoire, installé début 2023, a été construit à base de résineux wallon par une entreprise wallonne, Nature et Bois. Il a été subsidié à hauteur de 50 % à la suite d’un appel à projet de la Région wallonne (projet bio-diverCité), et pour le reste, par la commune.

Son élévation assez haute a le mérite d’offrir une belle vue sur le paysage du plateau de la Hesbaye namuroise qui présente un sol limoneux humide, parce que moins vallonné, contrairement à la Hesbaye liégeoise. Sous ce surplomb, une haie de hêtres a déjà été replantée pour éviter que la présence humaine ne dérange les oiseaux ; il faudra peut-être également placer des panneaux pour nous soustraire à leur vue et être dans de bonnes conditions pour pouvoir les observer.

A la lecture de quelques cartes d’époque, on peut se rendre compte des variations de la configuration des lieux au fil du temps.

En 1770, lorsque la région faisait encore partie des Pays-Bas autrichiens, la carte de l’époque établie par le Comte de Ferraris renseigne déjà distinctement les trois viviers. Un de ceux-ci était au pied de l’actuel observatoire, un au nord et un au sud. Le long d’une retenue d’eau située au nord se trouvaient des saules têtards dont le bois était utilisé par l’économie rurale (vannerie et litière des animaux). C’était aussi un refuge pour les chouettes chevêches qui chassent les nuisibles qui s’attaquent aux cultures. On peut encore apercevoir le dernier saule centenaire, flanqué de plus récents.

Au nord, la chaussée romaine, établie sur la crête pour des raisons d’ordre stratégique (large visibilité à 360 degrés), sépare le bassin de l’Escaut (avec l’Orne, qui passe à Chastre et se jette dans la Dyle, puis dans l’Escaut) et le bassin de la Meuse (avec ses sous-bassins de la Sombre, la Ligne, l’Orneau, la Sambre et enfin la Meuse). Elle était alors boisée et la reboiser aujourd’hui serait une opportunité à saisir pour ouvrir un beau couloir écologique...

En 1980, des espaces humides avaient été recréés. Mais en 1990, le remembrement rural a complètement détruit le paysage originel.

En 2010, sous la première impulsion de Natagora, a été creusée une mare en demi-lune. La confluence du ru (non classé) a été élargie et s’y est installée une cressonnière qui consomme les nitrates agricoles, qui se transforment en nitrites avec le temps. La cueillette de ce cresson est non seulement interdite, puisque nous nous trouvons dans une réserve, mais surtout fortement déconseillée puisque ce cresson sauvage peut être nocif pour la santé.

De retour vers le chemin, à l’entrée du sentier, se trouvent deux bornes placées là à titre symbolique et un tas de pierres, où l’on peut voir 8 -9 anciennes bornes. C’est le résultat d’une première action citoyenne, avant même la première intervention de Natagora. Un groupe de citoyens sombreffois a planté là quelques arbres et déterré les bornes initiales qu’avaient enfouies les agriculteurs au cours du temps. Notons qu’il a fallu faire appel par deux fois à un géomètre pour re-borner le chemin puisque les premières bornes furent de nouveau enlevées. Les piquets en acier qui bordent le chemin de manière bien visibles re-délimitent les terres de culture. Leur violation est pénalement sanctionnable.

Tout le long du même chemin, a été re-plantée une haie d’arbres forestiers bas, à racine nue (sans motte), qui devraient normalement reprendre. On y compte diverses espèces (aubépine, noisetiers, …). Les copeaux sont issus du broyage des branches des saules têtards qui furent élagués. Cela a donné un mulshing qui a été épandu au pied des arbres, et qui maintient l’humidité du sol et retraite aussi le nitrate en engrais.

Nous arrivons sur une petite aire de repos où se trouve un banc en plastique, issu du recyclage et réalisé par la firme Comet de Châtelet. On y a aussi planté un tilleul, à la fois ornemental et symbolique. En effet, le tilleul est souvent choisi pour être planté dans des lieux chargés d’histoire.

Laissant à notre droite un hôtel à insectes, on avance sur le chemin bordé d’une clôture de châtaigniers, placés hors sol. Cette espèce noble et indigène a été choisie pour sa durabilité (20 ans). La clôture est retenue par des piquets de robinier, fichés dans le sol, dont le coeur en lignine résiste à l’humidité pendant 50 ans sans aucun traitement.

Le long de cette clôture ont aussi été plantés des arbres à haute tige d’espèces diverses, dont l’érable plane.

Dans ce pré, on invitera une dizaine de moutons pour instaurer un pâturage extensif et permanent. Leur présence aura un effet positif sur la diversité en y attirant insectes et puis oiseaux. Par contre, les fleurs n’y pousseront pas. Une autre possibilité serait de mettre un ou deux petits moutons déplacés au printemps permettant une belle floraison.

En continuant, on passe à côté d’un tas de bois, placé là à dessein pour attirer petits rongeurs (hérissons, ...) et insectes. A côté on aperçoit une ancienne décharge communale (briquaillons) cachée par une plantation.

On avance et sur la gauche, on trouve une petite aire herbeuse où va pousser le tussilage, jolie fleur jaune. On y installe une belle « lisière en étage »: herbe et fleurs à l’avant-plan; suivies de petits arbustes, tels que le mirobolant (prunier sauvage), et le prunellier (épineux) (donnant des baies avec lesquelles on peut faire de l’alcool de prune) ; et enfin, en dernière ligne, des arbres à haute tige.

A droite, on a une haie de tilleuls que l’on taillera de sorte qu’ils n’ombragent pas trop le lieu, et d’aubépines, qui elles aussi seront taillées régulièrement. Elles participent ainsi une fois de plus à la délimitation des cultures.

Un peu plus loin, sur la droite, un petit champ de maïs a été planté par des chasseurs pour nourrir le gibier.

On arrive au coin oriental de la réserve. S’y trouve un tas de fumier, illégal à plusieurs égards. D’abord, il déborde sur la réserve qui s’étend encore à cet endroit ; et, surtout, il se trouve à moins de 25 mètres du filet d’eau où se déversent les nitrates…! Sur ce triangle, le souhait est d’installer un petit bassin d’orage, qui ferait barrage aux ruissellements.

On avance dans une pâture où ont paît un grand nombre de moutons qui ont fort abîmé les lieux en y mangeant l’herbe. Ils ont été déplacés. Cet espace, que Natagora a demandé de recevoir en gestion, est en effet une sorte de « zone tampon » qui doit être protégée pour éviter qu’un épandage intempestif de pesticides n’atteigne le cours d’eau et le talus derrière lui, qui fait partie intégrante de la réserve. Cette zone-tampon est actuellement mise à disposition à titre précaire à un agriculteur qui peut l’occuper en «tournière» à condition d’y semer des plantes qui éviteront le ruissellement des nitrates dans le filet d’eau.

Un peu plus loin, sur la gauche, on atteint une retenue d’eau bordée de diverses espèces d’arbustes et d’arbres, dont l’aulne. L’aulne est typiquement un arbre qui borde les rivières et dont l’appellation wallonne (« ornia ») est à l’origine des noms des rivières Orne et Orneau… On peut apercevoir un barrage de fortune, à consolider, destiné à élever le niveau de l’eau qui abrite diverses espèces de végétaux (iris, cresson de nouveau), et dont le rôle est encore et toujours de purifier l’eau qui va alimenter les mares.

On se dirige vers la route de remembrement qui longe le côté ouest de la réserve en traversant une zone plus large de la « pâture-tampon ». Celle-ci sera peut-être transformée un jour en verger pour y abriter des espèces indigènes oubliées.

On retrouve la route, qui a été plantée sur la droite d’arbustes sur un merlon constitué avec les terres de remblai des mares, et qui nous mène à l’entrée de la réserve donnant sur les trois mares. Elles ont toutes été recreusées fin 2022. Seules deux d’entre elles ne devraient pas s’assécher en été, notamment la plus grande qui est directement alimentée par la nappe phréatique se trouvant un mètre sous elle.

Ces mares devraient accueillir bientôt des batraciens, qui vont disposer d’une petite plage que les visiteurs de l’inauguration ont été invités à élever en plaçant des pierres sur le côté de la butte qui est baigné de soleil. Il s’agira de tritons alpestres et palmés. Mais on espère aussi y revoir des libellules, et peut-être des mollusques. Et plus tard, des poissons, via les œufs collés aux pattes des colverts qui s’inviteront sur place. Ces poissons pourraient d’ailleurs être un souci pour les tritons…

On aperçoit aussi des algues sous la surface de l’eau, preuve de la présence de nitrates qui mettront malheureusement des décennies à disparaître.

A l’arrière, entre les mares, on peut voir une espèce assez rare de joncs : des joncs glauques, un peu mauves.

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